Plus de huit décennies après le massacre de Thiaroye, le Sénégal s’engage résolument à faire la lumière sur cet épisode tragique de son histoire. Le 1er décembre 1944, des tirailleurs sénégalais, récemment rapatriés après avoir combattu pour la France durant la Seconde Guerre mondiale, furent abattus par l’armée française alors qu’ils réclamaient le paiement de leurs soldes. Officiellement, 35 morts furent reconnus, mais des historiens estiment que le nombre réel de victimes pourrait atteindre 300 à 400 .
Des fouilles pour établir la vérité
En février 2025, le Premier ministre sénégalais Ousmane Sonko a annoncé le lancement de fouilles archéologiques sur le site du massacre, notamment dans le cimetière militaire de Thiaroye, près de Dakar. Ces recherches visent à identifier les victimes et à établir un bilan précis des pertes humaines.
Une reconnaissance tardive de la France
En novembre 2024, à l’occasion du 80e anniversaire du massacre, le président français Emmanuel Macron a, pour la première fois, qualifié les événements de Thiaroye de « massacre » dans une lettre adressée au président sénégalais Bassirou Diomaye Faye . Cette reconnaissance, bien que symbolique, a été accueillie avec prudence par les autorités sénégalaises, qui réclament des mesures concrètes, telles que l’accès complet aux archives françaises et des excuses officielles.
Une mémoire en construction
Le président Faye a annoncé plusieurs initiatives pour honorer la mémoire des tirailleurs sénégalais :
- L’intégration de l’histoire de Thiaroye dans les programmes éducatifs.
- La désignation du 1er décembre comme « Journée du Tirailleur ».
- La création de monuments et de lieux de mémoire dédiés aux victimes .
Ces mesures visent à inscrire durablement cet épisode dans la conscience collective et à rendre hommage aux soldats africains tombés pour une cause qui n’était pas la leur.
Vers une réconciliation mémorielle ?
La redécouverte récente du journal d’un officier français, témoin du massacre, versé aux archives du ministère des Armées en mars 2025, pourrait apporter des éléments nouveaux sur les circonstances de la tragédie. Par ailleurs, une proposition de commission d’enquête parlementaire a été lancée en novembre 2024 pour faire toute la lumière sur cet événement et envisager des réparations pour les descendants des victimes .
Alors que le Sénégal poursuit ses efforts pour établir la vérité et honorer la mémoire des tirailleurs, la France est appelée à assumer pleinement sa responsabilité historique. La réconciliation des mémoires passe par une reconnaissance sincère et des actes concrets.
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