Le 25 juin 2022, à Kigali, le Togo a officiellement rejoint le Commonwealth des Nations, devenant l’un des deux premiers pays francophones d’Afrique subsaharienne à intégrer cette organisation, aux côtés du Gabon. Deux ans plus tard, cette adhésion continue de susciter analyses et interrogations sur ses implications politiques, économiques, culturelles et géostratégiques.
Un élargissement symbolique et stratégique
Le Commonwealth, historiquement constitué de pays ayant des liens coloniaux avec le Royaume-Uni, s’est progressivement élargi à des États sans passé britannique. L’entrée du Togo – ancienne colonie allemande puis française – marque ainsi une évolution vers une organisation davantage géopolitique que postcoloniale.
Pour le Togo, cette adhésion s’inscrit dans une stratégie de diversification de ses partenariats internationaux. Elle offre un levier d’influence diplomatique supplémentaire, en complément de ses liens traditionnels avec la Francophonie et l’Union africaine.
Opportunités économiques et commerciales
L’un des attraits majeurs du Commonwealth réside dans la coopération économique. Avec plus de 2,5 milliards de citoyens et des économies dynamiques comme l’Inde, le Nigéria, le Canada ou l’Australie, l’espace Commonwealth représente un vaste marché.
Le Togo espère ainsi capter davantage d’investissements étrangers, faciliter les échanges commerciaux et élargir ses débouchés à l’export. Le port autonome de Lomé, déjà stratégique en Afrique de l’Ouest, pourrait également se positionner comme hub logistique régional pour le commerce intra-Commonwealth.
Impacts politiques et diplomatiques
Sur le plan politique, le Togo bénéficie désormais d’un accès à un réseau diplomatique de 56 États membres, avec la possibilité de participer à des sommets, programmes de coopération et échanges de bonnes pratiques en matière de gouvernance, d’État de droit ou de transition numérique.
Cependant, cette intégration comporte aussi des attentes en matière de respect des normes démocratiques. Le Commonwealth promeut des valeurs telles que la transparence, les droits humains et la séparation des pouvoirs. Le Togo pourrait être amené à renforcer certains engagements internes pour répondre aux standards du club.
Questions identitaires et culturelles
L’entrée dans le Commonwealth soulève également des interrogations culturelles. L’anglais, langue officielle du Commonwealth, devient de plus en plus présent dans les discours institutionnels togolais. Certaines écoles et universités intensifient l’enseignement de l’anglais, signe d’un tournant linguistique à long terme.
Mais cela ne signifie pas un effacement de l’influence francophone : le Togo continue de siéger activement à l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF). Il s’agit plutôt d’un équilibre plurilingue et diplomatique en construction.
Conclusion : entre diversification et repositionnement
L’adhésion du Togo au Commonwealth s’inscrit dans une logique de repositionnement stratégique sur la scène internationale. Sans tourner le dos à ses partenaires traditionnels, le pays cherche à élargir ses horizons économiques et diplomatiques dans un monde multipolaire.
Les retombées concrètes de cette décision dépendront toutefois de la capacité des autorités togolaises à tirer parti des opportunités offertes, tout en répondant aux exigences structurelles liées à ce nouvel environnement de coopération.
Suivez nos analyses géopolitiques et économiques sur questionafricaine.com pour mieux comprendre les dynamiques africaines contemporaines.
Laisser un commentaire
Vous devez vous connecter pour publier un commentaire.