Le Premier ministre du Niger à l’Assemblée générale des Nations Unies: Réquisitoire contre les puissances internationales

Le 27 septembre 2025, lors du débat général de la 80e session de l’Assemblée générale des Nations Unies à New York, Lamine Zeine Ali Mahaman, Premier ministre du gouvernement transitoire du Niger, a prononcé un discours percutant mettant en lumière l’engagement de son pays envers la souveraineté, condamnant l’ingérence étrangère et appelant à des réformes mondiales.

CONDAMNATION DES CONFLITS MONDIAUX ET DE L’INDIFFERENCE

Le Premier Ministre Zeine a commencé par affirmer le soutien du Niger à la coopération internationale visant à atteindre la paix, le développement et le bien-être pour tous. Cependant, il s’est fermement opposé à toute action entravant ces objectifs. Il a condamné sans réserve ce qu’il a qualifié de génocide israélien à Gaza, ainsi que l’agression israélienne contre l’Iran et le Qatar. De plus, il a protesté contre la banalisation de la violence en République démocratique du Congo, au Soudan et au Sahel, déplorant que ces tragédies se déroulent alors que la communauté internationale reste indifférente .

Le Premier ministre a accusé certaines puissances internationales d’être complices de ce qui se passe sur le continent africain, dénonçant leur inaction face aux attaques contre la vérité et la paix. Il a souligné les défis auxquels le Niger et le Sahel sont confrontés, notamment l’indifférence de la communauté mondiale, les actions déstabilisatrices et les campagnes de désinformation dans leur lutte contre le terrorisme importé et sponsorisé.

ACCUSATIONS CONTRE LES PUISSANCES OCCIDENTALES ET LA FRANCE

Une grande partie du discours de Monsieur Zeine s’est concentrée sur le rôle des puissances occidentales dans le Sahel. Il a noté que ces puissances, y compris leurs armées, ont établi des bases dans des pays comme le Mali, le Niger et le Burkina Faso sous prétexte de lutter contre le terrorisme, mais que la menace n’a fait que s’amplifier. Il a affirmé que les véritables chefs du terrorisme proviennent de l’extérieur de la région, disposant de vastes ressources et faisant preuve d’une violence totalement étrangère à la géographie et à la culture locales. M. Zeine a déclaré que le Sahel n’a jamais connu une violence aussi sanglante, gratuite et indiscriminée à l’échelle que nous vivons aujourd’hui.

Il a particulièrement critiqué la France, l’accusant de déstabiliser le Niger par divers moyens, notamment en entraînant des terroristes, en fomentant des conflits interethniques, en propageant des campagnes de désinformation, en alimentant les tensions avec les pays voisins et en menant une guerre économique et financière. En retraçant cette histoire, M. Zeine a affirmé que, du XIXe siècle à aujourd’hui, la France a mené une guerre totale contre le Niger, impliquant des assassinats, des menaces d’intervention militaire, le parrainage du terrorisme et le pillage des ressources.

S’agissant spécifiquement de l’exploitation de l’uranium, il a déclaré qu’après un demi-siècle d’exploitation, l’uranium n’a apporté au peuple nigérien que misère, pollution, rébellion, corruption et désespoir, tandis que les Français prospéraient et renforçaient leur pouvoir.

LE CHEMIN DU NIGER VERS LA SOUVERAINETÉ ET LA RÉFORME

Le Premier ministre Zeine a mis en avant les progrès réalisés depuis 2023, lorsque le Conseil national pour la sauvegarde de la patrie a pris le pouvoir. Le Niger a expulsé les forces qui entravaient sa souveraineté et empêchaient le renforcement de son appareil sécuritaire. Le pays a mis fin aux conventions, traités et lois inéquitables qui ne servaient pas ses intérêts, envoyant un message clair : C’est un signal fort à tous ceux qui ont l’habitude de piller le Niger, que désormais le pays défendra ses intérêts sans honte.

Sous une nouvelle gouvernance, le Niger a adopté une Charte de refondation, établi de nouvelles institutions, ouvert des missions diplomatiques, lancé un vaste programme agricole pour assurer l’autosuffisance alimentaire et mis en œuvre des réformes macroéconomiques. M. Zeine a souligné l’engagement du Niger envers une gouvernance transparente et a invité les investisseurs internationaux à contribuer à son développement économique. Malgré les défis importants, il a décrit le Niger comme vivant une renaissance et étant sur la voie de la reprise, non pas en s’isolant de la communauté internationale, mais en réaffirmant sa souveraineté et sa dignité.

APPEL A UNE RÉFORME DE L’ONU ET AU MULTILATÉRALISME

Dans une critique directe des Nations Unies, M. Zeine a soutenu que le Niger doit compter sur ses propres forces plutôt que sur une ONU impuissante, entravée par le veto des puissances occidentales. Il a appelé à des réformes urgentes, déclarant. Tout en réaffirmant sa croyance dans le multilatéralisme comme moyen de relever les défis mondiaux, il a insisté sur le fait que l’organisation doit devenir plus inclusive et plus juste, avec une pleine participation de l’Afrique dans les organes de prise de décision, y compris le Conseil de sécurité.

Le discours du Premier ministre Zeine souligne l’affirmation croissante des nations du Sahel sur la scène internationale, remettant en question les dynamiques de pouvoir établies de longue date et plaidant pour un ordre mondial plus équitable.