Dans un discours percutant prononcé aux Nations Unies, le président ghanéen John Dramani Mahama a présenté un plaidoyer convaincant pour le rôle central de l’Afrique dans la définition de l’avenir de la gouvernance mondiale, de l’équité économique et de la justice climatique. Son allocution a mis en lumière l’influence croissante du continent, sa résilience et sa demande de changement systémique dans un ordre mondial qui a longtemps marginalisé les nations africaines. S’appuyant sur un contexte historique et un optimisme tourné vers l’avenir, M. Mahama a articulé une vision dans laquelle l’Afrique non seulement participe, mais prend la tête des décisions mondiales.
L’INFLUENCE CROISSANTE DE L’AFRIQUE
Le Président Mahama a commencé par reconnaître le rôle limité des nations africaines dans la fondation de l’ONU, conséquence de la subjugation coloniale et du morcellement. Pourtant, il a déclaré : L’avenir sera africain. Avec des projections indiquant que d’ici 2050, plus de 25 % de la population mondiale et un tiers des jeunes résideront en Afrique, le continent est prêt à devenir une puissance démographique et économique. M. Mahama a incité la communauté internationale à voir cette réalité non comme une menace, mais comme une opportunité, les exhortant à abandonner le prisme des siècles de racisme, de colonialisme, d’impérialisme et des préjugés implicites qui en découlent.
Soulignant la résilience de l’Afrique, le Président ghanéen a cité le redressement économique du Ghana comme un exemple de la capacité du continent. Grâce à un agenda de refonte, le Ghana a réalisé une croissance économique significative et réduit l’inflation, démontrant la capacité des nations africaines à rebondir malgré des défis systémiques. Cette résilience, a-t-il soutenu, devrait inciter l’ONU à adopter son propre agenda de refonte pour répondre aux besoins changeants d’un monde radicalement transformé depuis la création de l’organisation en 1945.
UNE DEMANDE D’ÉQUITÉ DANS LA GOUVERNANCE MONDIALE
Au cœur du discours de M. Mahama se trouvait un appel à la réforme de la structure de l’ONU, en particulier du Conseil de sécurité. Il a invoqué le principe fondateur de l’ONU de l’égalité souveraine de tous ses membres, s’interrogeant sur les raisons pour lesquelles l’Afrique, avec ses 54 États membres, n’a pas un seul siège permanent au Conseil. Si ce n’est pas maintenant, alors quand ? a-t-il demandé, plaidant pour une action immédiate afin de corriger ce déséquilibre. Sa demande reflète une poussée plus large pour l’inclusion, alors que l’Afrique cherche une voix proportionnelle à son importance mondiale croissante.
Le Président Mahama a également critiqué l’architecture financière mondiale, la décrivant comme «truquée et contre l’Afrique. Il a soutenu que le système actuel perpétue la dépendance économique et l’exploitation, appelant à une restructuration pour permettre aux nations africaines de prospérer de manière indépendante. Cela inclut l’affirmation de la souveraineté sur les vastes ressources naturelles du continent, mettant fin à l’ère de l’exploitation étrangère par le biais de vastes concessions.
RÉPONDRE AUX INÉGALITÉS MONDIALES: CRISES CLIMATIQUES ET HUMANITAIRES
Le président ghanéen a attiré l’attention sur l’impact disproportionné du changement climatique sur le Sud global. Bien que ne contribuant qu’à 25 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre, contre 75 % pour le Nord global, les nations africaines subissent des conséquences climatiques graves en raison de ressources limitées pour s’adapter. M. Mahama a mis en lumière le sort des réfugiés climatiques, dont beaucoup sont africains, et a appelé à un soutien équitable comparable à l’aide fournie aux réfugiés ukrainiens. Les pays devraient être prêts à aider 12 millions de réfugiés de la même manière, a-t-il exhorté, soulignant la plus grande crise humanitaire mondiale au Soudan.
RÉCLAMER LE RÉCIT DE L’AFRIQUE
Le discours de John Dramani Mahama n’était pas seulement un appel à une réforme structurelle, mais aussi une demande de changement culturel et perceptif. Il a exprimé sa frustration face à la représentation persistante de l’Afrique comme un continent de communautés rurales frappées par la pauvreté et les maladies. Au lieu de cela, il a exigé une représentation qui reflète la richesse, la complexité et la diversité des histoires et des cultures africaines. Cet appel à la souveraineté narrative est une étape cruciale pour démanteler les stéréotypes et favoriser le respect mondial pour les contributions du continent.
UNE VISION POUR UN NOUVEL ORDRE MONDIAL
L’allocution du président Mahama a été un appel vibrant pour un ordre mondial réimaginé, un ordre où la voix de l’Afrique est non seulement entendue, mais amplifiée. Son accent sur la résilience, l’équité et la souveraineté résonne avec un mouvement plus large parmi les dirigeants africains pour redéfinir le rôle du continent sur la scène mondiale. En exigeant une refonte de l’agenda de l’ONU, des systèmes financiers et des responsabilités climatiques, le Ghana— et l’Afrique — se positionne comme un leader dans la lutte pour un monde plus juste et inclusif.
Alors que l’ONU s’interroge sur sa propre pertinence dans un paysage mondial en rapide évolution, les mots du Président ghanéen servent à la fois de défi et d’invitation. L’avenir, comme il l’a proclamé avec audace, est africain. La question demeure de savoir si le monde est prêt à l’embrasser.


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